Par-delà les modes littéraires, l’œuvre de Roger Martin du Gard reste un monument de la littérature contemporaine. Cet écrivain le doit à la robustesse lucide de sa personnalité, de son monde romanesque, de son style. Quand on cherche à prendre la mesure de cette œuvre, que nous savons maintenant encore d'une plus vaste amplitude, l'originalité historique apparaît aussitôt. Le roman français, avec Martin du Gard, inaugure ces fresques familiales qui se déploient, objectivement comme un long métrage cinématographique, sur fond de crise et de catastrophe. L'Été 1914, à sa manière, s'inscrit dans la ligne de Guerre et Paix, tandis que L'Épilogue, avec le « Journal d'Antoine », peut paraître un écho de La Mort d'Ivan llitch de Tolstoï où s'entremêlent le thèmes de la mort et de l'histoire. Ces livres-là, le jeune parisien de la fin du siècle s'en était saisi et il les relira toute sa vie : « La découverte de Tolstoï a certainement été l'un des éléments les plus marquants de mon adolescence ; et sans doute celui qui a eu sur mon avenir d'écrivain, l'influence la plus durable.», disait-il.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Roger Martin du Gard (1881-1958) », organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du centenaire de sa naissance et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 14 octobre au 30 décembre 1981.