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Saint-Simon
1675-1755
Madeleine Laurain, Edmond Pognon et Alice Garrigoux
Les vingt et un volumes de la première édition véritable des Mémoires parurent en quelques mois des années 1829 et 1830. Ce fut un événement considérable, dont la trace se retrouve dans la littérature et la critique du temps. On composa avec ses portraits de véritables galeries, d'une variété toujours déconcertante. On a tout aussitôt égalé Saint-Simon aux plus grands écrivains français, alors qu'il se défendait d'être un écrivain. Des pages fameuses de Sainte-Beuve, de Taine ont analysé son art qui est celui d'un peintre, son vocabulaire qui a trouvé partout, et jusque dans le ruisseau, son aliment, son style qui est excessif, violent, incorrect, toujours puissant. Mais c'est parmi les historiens, comme il était naturel, que l'on a discuté passionnément la valeur historique de son récit. Écoutons Michelet : « Quand je le lus la première fois, il y a vingt-cinq ans, je le subis sans résistance. Sa force hautaine et colérique m'imposait ses jugements. Il m'a fallu du temps pour en revenir. En vivant avec lui, j'ai passé par plus d'une phase. Je l'ai adopté, critiqué. Je l'ai aimé et désaimé. Le fruit de ces variations, c'est que j'ai pu enfin acquérir, en face de ce rude seigneur, une certaine liberté. J'en sais le fort, le faible. S'il a écrit longtemps après, c'est sur les notes qu'il faisait le jour même. Elles palpitent, ces notes, encore de l'émotion du moment. Il veut être vrai, il veut être juste. Et souvent, par un noble effort, il l'est contre sa passion... Son plus grave défaut, c'est d'étendre, enfler, exagérer de petites choses éphémères, en abrégeant, rapetissant des choses vraiment grandes et durables... Ainsi, il tourne la lorgnette et tour à tour il regarde par un bout ou par l'autre, mais presque toujours pour grossir l'infiniment petit. »
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Saint-Simon, 1675-1755 », organisée par la Bibliothèque Nationale pour célébrer le second centenaire de son décès, et présentée sur le site Richelieu, galerie Mazarine, du 5 juillet au 15 octobre 1955.
Informations pratiques
Broché, 123 pages
- Bibliothèque nationale de France