Rares étaient ceux qui soupçonnaient, au début de ce siècle, que Toulouse-Lautrec était appelé à prendre dans l'histoire de notre art la place qu'aujourd'hui il occupe. Le peintre et le lithographe également éblouissants avaient pu conquérir l'admiration du juge le plus difficile, Degas, qui avait déclaré : « Voici trente ans que je travaille, et je ne pourrais faire un dessin aussi fort que celui-là » ; Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Vallotton et leurs amis de la Revue Blanche, d'autres jeunes artistes appelés à devenir les plus célèbres de leur temps avaient pu s'incliner devant lui comme devant un maître : Toulouse-Lautrec n'en demeurait pas moins un isolé, et même, pour certains critiques, un amateur. Il se situait à part, par ses origines mêmes, par la vie singulière qu'il avait choisie, mais surtout par son refus, comme instinctif, d'adhérer à une école. On ne le voit point, dans un temps où, l'impressionnisme expirant, de nouvelles écoles apparaissent et se succèdent à une cadence qui ne cesse de s'accroître, accepter de se lier. Il n'ignorait rien des recherches des uns et des autres, mais son art, comme sa vie, demeura toujours « hors série ». 
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Œuvre graphique de Toulouse-Lautrec (1864-1901) » organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du cinquantenaire de son décès et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 25 mai au 30 septembre 1951.