Le développement d'une ville comme Paris est le résultat spontané des besoins qui se sont fait sentir depuis l'époque où les Gaulois s'installèrent dans l'île de la Cité, c'est-à-dire au croisement de la voie qui longeait le fleuve et de celle qui le traversait. Mais il porte également l'empreinte de la volonté des souverains, des ministres ou des fonctionnaires qui ont voulu diriger et orienter sa croissance. Le tracé des cinq enceintes, sensiblement concentriques, qui, dans un but stratégique, économique ou administratif, ont successivement, depuis Philippe-Auguste, délimité la ville, est la marque même de cette intervention des pouvoirs. Ce sont les rois de France, de Henri IV à Louis XV, qui construisirent les cinq places royales, aux contours géométriques (place Dauphine, place des Vosges, place des Victoires, place Vendôme et place de la Concorde), au milieu desquelles devait être élevée leur propre statue. C'est Colbert qui fit dessiner les Champs-Élysées dans le prolongement des Tuileries et ouvrir le Cours de Vincennes. Et c'est Napoléon I^er qui perça la rue de Rivoli, de la Concorde à la place des Pyramides. Mais, à l'intérieur des enceintes, des quartiers entiers se sont souvent élevés plus ou moins librement, séparés encore, jusqu'au XIX^e siècle, par de vastes espaces non lotis et parfois des champs : quartiers Saint-Honoré, Saint-Eustache, de l'île Saint-Louis, du Temple, par exemple sous Louis XIII et sous Louis XIV ; celui de la Chaussée d' Antin et du faubourg Saint-Germain jusqu'à l'École Militaire, sous Louis XV.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Paris d'hier et de demain » présentée par la Bibliothèque Nationale, sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 21 juin au 11 octobre 1966.