Ce catalogue couvre la période qui va de 1870 à 1970. Il s'agit d'une présentation de l'affiche moderne, dont le règne s'affirme dès le deuxième tiers du XIX^e siècle : l'invention de la lithographie et l'usage de presses nouvelles permettent désormais de tirer rapidement des affiches de grande taille que l'utilisation de la couleur rend plus vivantes, plus frappantes aussi. Mais surtout, la révolution industrielle est faite. Dans une économie basée sur la concurrence, chaque firme, chaque corporation cherche à susciter, plus efficacement qu'aucune autre, l'intérêt du consommateur pour ses produits. Sans doute l'affiche joue-t-elle encore un rôle politique essentiel, et qui est d'autant plus grand que l'État cherche à exercer plus fortement son emprise sur la population. Mais même dans les pays les plus libéraux ce rôle n'est nullement négligeable, notamment pendant les guerres, lorsque les gouvernements souhaitent mobiliser l'opinion, ou en période électorale, lorsque les partis cherchent à attirer les électeurs.
En fait, avec la création et la multiplication des bureaux de publicité, l'art de l'affiche acquiert sa propre technique, forme ses propres artistes. C'est l'époque de l'émergence de l'affiche dite américaine. Pour vendre un produit ou un service, il s'agit surtout d'en associer l'usage à des idées et mieux encore à des images de beauté, de bonheur, de bien-être. Toutes les femmes sont jolies ; tous les bébés sont roses ; tous les hommes sont vigoureux. Les progrès de la photographie (surtout de la photographie en couleurs), et même de l'association de la photographie et de la lithographie, ont donné à cette forme de publicité optimiste et standardisée une extension de plus en plus grande dans le monde entier. Mais d'autres pensent que l'affiche doit avant tout attirer l'attention et que l'ingéniosité, l'originalité, l'imprévu ont des valeurs publicitaires plus marquées.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Cent ans d'affiches dans le monde » organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée à Paris, sur le site Richelieu, galeries Mansart et Mazarine, en mars 1972.