Le nom d'Henri Labrouste est lié indissolublement à l'histoire de la Bibliothèque Nationale, jalonnée en quelque sorte par les noms de tous ceux – bibliothécaires, conservateurs, administrateurs, architectes – qui, au cours de trois siècles, ont permis à cet immense et complexe organisme de se développer dans ses diverses parties et de s'adapter aux tâches nouvelles qui s'imposaient à lui. Au-delà de Visconti, auquel en 1854 Henri Labrouste succédait dans la charge d'architecte en chef qu'il devait occuper jusqu'à sa mort, en 1875, c'est l'héritage de François Mansart et de Robert de Cotte qu'il assumait.
Héritage redoutable. L'ancienne Bibliothèque du Roi ne pouvait plus contenir les collections brusquement gonflées par les nationalisations et les confiscations révolutionnaires. Pendant la première moitié du XIX^e siècle, on n'avait cessé de dénoncer le désordre qui avait suivi et auquel l’exiguïté des locaux semblait interdire de porter remède. Les projets se succédaient, les uns timides, les autres aventureux. Construire une nouvelle bibliothèque sur un emplacement nouveau : c'était assurément une solution, mais elle fut repoussée. Visconti proposait la démolition des parties anciennes et la construction d'un édifice neuf : c'était sacrifier l'œuvre des grands architectes du XVII^e et du XVIII^e siècles. Une solution moins brutale et plus hardie à la fois devait heureusement intervenir.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Labrouste : architecte de la Bibliothèque nationale de 1854 à 1875 », organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 10 mars au 11 avril 1953.