Théophile-Alexandre Steinlen
1859-1923
Jacques Lethève
Avant-propos de Julien Cain
Quelle qu'ait été l'expression donnée par Steinlen à son talent, l'artiste qu'il fut a toujours obéi à la même inspiration profondément humaine. Il n'y a pas de paysage nu dans l'œuvre de Steinlen mais il est beaucoup d'êtres solitaires, et cette solitude, il a su la rejoindre là où il pouvait le mieux la rencontrer, parfois sur la route, mais le plus souvent dans la ville et dans la rue. Ainsi Steinlen est-il devenu, par un généreux penchant de sa nature, l'observateur le plus constant de la rue parisienne, et son plus fidèle interprète. Cependant les artistes n'ont pas manqué, à cette époque, peintres, graveurs, lithographes, dessinateurs, pour regarder Paris et fixer ses traits. Il est vrai que durant le dernier tiers du XIXe siècle, il semble que Paris ait pris la pose. Il n'était que de choisir ses aspects, dont les plus modestes, les moins apprêtés, étaient souvent les plus séduisants, les plus proches aussi de son âme. Une circonstance, qui ne tenait ni à la ville ni aux artistes, a d'ailleurs favorisé cette réussite. Le rythme de la vie quotidienne permettait de la saisir dans tous ses détails. Ni le parfum de la rue, ni la grâce des femmes ne se perdaient dans des brouillards d'essence. Cette absence de hâte, qui cessa d'être possible vers 1920, favorisa l'observateur et permit aux artistes de laisser sur la vie et le paysage parisiens des témoignages qui ne se renouvelleront plus. Du moins de la même manière. Entre tant d'observateurs, Steinlen fut sans doute le plus compatissant, le plus résolu à se pencher sur le peuple d'une ville qu'il avait adoptée et dans laquelle il n'a cessé de vivre, avec une assiduité tendre. Paris l'en récompensa en lui livrant tous ses secrets, ceux qu'on surprend, la nuit, et ceux que l’on découvre par l’intelligence du cœur.
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923) », organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du 30e anniversaire de son décès et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 15 mai au 25 juin 1953.
Informations pratiques
Broché, 54 pages
- Bibliothèque nationale de France