René Char
Manuscrits enluminés par des peintres du XXe siècle,
Jean Arp, Pierre-André Benoit, Boyon, Georges Braque...
Antoine Coron
Préface de Georges Le Rider
En plaçant l'enlumineur Jean Fouquet au nombre des onze peintres de haute époque dont l'œuvre lui importe, René Char nous aide à mieux percevoir sous quel autre aspect, très tôt – probablement durant la guerre, au moment où Verve entreprit de reproduire quelques-uns des chefs-d’œuvre de l'enluminure médiévale – il envisagea aussi les relations de la peinture et de la poésie. Les enluminures de Fouquet et celles du Livre de Cœur d'amour épris marquent le sommet d'un art fort ancien qui, à la mort du roi René, il y a juste cinq cents ans, se développait autrement, hors du livre. « La peinture des siècles sans peinture », selon la célèbre formule d’André Malraux, perdant ses maitres et sa force, s'étiola à partir de 1550 jusqu'à disparaitre à la fin du XVIIIe siècle. À la peinture autant qu'à l'essor du livre imprimé est imputable l'abandon progressif d'un art en face duquel un autre était né. Un même abandon par les peintres frappa quelque temps plus tard l'illustration gravée des livres, et leur retour à l'imprimé au début de ce siècle est dû autant à l'audacieuse initiative de quelques éditeurs amis qu'à l'attrait renouvelé pour la gravure, « art majeur ». Cela cependant n'impliquait en rien de leur part qu'ils poursuivent leur démarche et qu'ils reviennent à la peinture des manuscrits. Que la poésie ait pu aimanter ce retour aux sources de la peinture n'est pas la moindre révélation de ses pouvoirs. Que celle de René Char réunisse un tel florilège témoigne à la fois pour l'œuvre et pour l'homme.
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « René Char (1907-1988). Manuscrits enluminés par des peintres du XXe siècle » organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 16 janvier au 30 mars 1980.
Informations pratiques
Broché, 150 pages
- Bibliothèque nationale de France