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Les Prévert de Prévert
collages
catalogue de la collection de l'auteur
Françoise Woimant
Augustin, saint de ce nom, croyait aux monstres et il en concluait, très logiquement, que les dragons, chimères, guivres, griffons, panoties et autres sciapodes étaient « créatures de Dieu ». Affirmation risquée en ce qui concerne l'imaginaire oriental et païen, périlleuse si on la confronte à la tératologie de Prévert, aux papes à tête de fruit goulûment rongé par une chenille, aux ermites à têtes de lion ou de loup, aux anges à tête de bouc, à l'officiant à tête d'intestin, tendant l’Eucharistie, à l'enfant Jésus à tête d'écorché, à la vierge surmontée d'un clitoris céphaloïde, au peintre dont la face animale s'élargit d'un rictus hilare tandis qu'il peint une Véronique, et aux dames de Port-Royal, disciples d'Augustin, qui montrent des têtes de singes, ou de hideuses faces au fou-rire grimaçant. On dira que tout ça, tout cet anticléricalisme, « c'est dépassé », que ça date du père Combes et de la loi de séparation des Églises et de l'État, et que ce n'est qu'un souvenir de prime enfance, ou de jeunesse si l'on veut pour la génération de Prévert, né en 1900. Sans cloute. Encore faudrait-il que les patriotismes, les cléricalismes et les intégrismes de tout poil soient à l'heure actuelle, eux aussi « dépassés». Or, les monstres absents, l'image devient plus directe.
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Les Prévert de Prévert : collages », organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu du 27 janvier au 25 février 1982.
Informations pratiques
Broché, 123 p., 29 x 21 cm
9782717716214
- Bibliothèque nationale de France