Il n'est rien resté ou presque de la très abondante littérature précieuse du XVII^e siècle. Ses longs romans et ses interminables épopées ont plus rapidement disparu encore que ses pièces galantes, ses rondeaux et ses sonnets, dont Molière, en les ridiculisant, a perpétué le souvenir.
Mais ce mouvement, qui a duré plus d'un siècle, a été si profond qu'il a laissé une marque indiscutable sur l'évolution des lettres françaises. Né d'une transformation des mœurs, qui a suivi les guerres de religion, il a contribué, jusque dans ses exagérations, à créer l'ambiance grâce à laquelle la langue se fixera, l'analyse des sentiments s'aiguisera, l’influence littéraire de la bourgeoisie et surtout celle des femmes s'affirmeront. Les Salons du XVIII^e, qui ont largement contribué à faire rayonner l'esprit français dans toute l'Europe, doivent assurément beaucoup à leurs ancêtres du siècle précédent, dont il a été très largement médit.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Au temps des Précieuses. Les salons littéraires au XVII^e siècle », organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, Galerie Mazarine, du 19 janvier au 31 juillet 1968.