Stendhal et l'Europe
Madeleine Barbin
Combien de Français, engagés pour suivre la carrière des armes, se sont retrouvés écrivains ! Parmi les plus illustres, ce cavalier qui partit d'un si bon pas, René Descartes ; ce marquis-capitaine d'infanterie, Vauvenargues ; Alfred de Vigny, cet artilleur... Une fois revenus du théâtre des opérations extérieures, les voici cantonnés à leurs quartiers d'hiver, la France. Tenant « la plume d'une main et l'épée de l'autre », Stendhal appartient à leur cohorte. Mais à une différence près : une fois l'Europe parcourue, il refuse de rentrer.
Plus intelligent, cultivé et surtout plus sensible que la majorité des jeunes Français poussés çà et là par le balai de la guerre, Henri Beyle est d'une autre espèce. Incapable de se soumettre à une discipline quelconque, il n'est pas arrivé en Italie qu'il découvre que, sous l'uniforme, il peut se livrer au tourisme – il emprunte le mot aux Britanniques. Le voici, en service commandé, derrière Napoléon à Milan, Berlin, Vienne et Moscou. Les cercles s'élargissent : Grenoble, c'était la province, Paris, c'est la France. Le monde, ce seront les capitales. À l'époque, elles sont nombreuses en Europe. Pour Londres et Rome, il se passera de Napoléon (il faut bien, celui-ci jamais ne s'y rendit), et, s'il tient toujours la plume d'une main, Beyle a troqué l'épée contre un passeport.
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Stendhal et l'Europe » organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, galerie Mazarine, du 26 octobre 1983 au 29 janvier 1984.
Informations pratiques
Broché, 150 p., 23 x 15 cm
9782717716795
- Bibliothèque nationale de France