Stéphane Couturier
Mutations
Sous la direction d'Anne Biroleau
Le travail présenté dans cet ouvrage court sur plus de dix ans et visite plusieurs continents, explorant la question de la mise en forme photographique du chaos visuel. Les paysages modelés par la présence humaine constituent le champ de réflexion de Stéphane Couturier. Formé dans un premier temps à la photographie d’architecture, il en transcende les thèmes et les techniques grâce à une maîtrise de la composition, de la couleur et du format, proches d’une esthétique picturale.
Archéologie urbaine (depuis 1994) questionne avec acuité l’origine, l’évolution, la dégénérescence du tissu urbain : architecture nouvelle se superposant, se substituant aux vestiges du passé, chantiers titanesques, aménagements éphémères. Naissance, croissance, dissolution… Les œuvres réalisées à la Villa Noailles ou au Grand Palais retournent l’espace comme un gant, bouleversent la géométrie ; l’ambiguïté s’installe. Par la vertu seule de cette vision frontale, géométriquement implacable, le spectateur doute de sa perception. Les volumes s’écrasent, les formes non hiérarchisées se superposent comme des découpages, les carrés de couleur créent une hallucinante troisième dimension. Le doute s’insinue sur la réelle épaisseur du support. Les œuvres de la série Monument(s) (1999-2001) offerts à notre vue s’avèrent quant à eux insituables géographiquement, instables chronologiquement. Pourtant la massivité des structures, leur intemporalité, leur neutralité présentent quelques zones de fracture. De discrètes appropriations d’un balcon ou d’une fenêtre par l’occupant du lieu permettent de supposer la persistance de l’humain.
La présence d’un signe ponctuant les vastitudes caractérise aussi la série Landscaping (2002). Le ciel s’y discerne parfois, mais la terre s’y montre à son point de rupture. Le désert, envahi de gazons postiches et de maisons de carton-pâte semblant se multiplier comme des amibes, révèle sa souffrance d’espace réduit au seul statut d’environnement.
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Stéphane Couturier. Mutations », organisée par la Bibliothèque nationale de France et présentée sur le site Richelieu, Galerie de photographie, du 15 juin au 29 août 2004.
Collection Galerie de photographie
Auteurs
Anne Biroleau est conservateur général au département des Estampes et de la Photographie, chargée de la photographie du XXIe siècle.
Informations pratiques
Broché, 1 vol. (31 p.), illustrations en noir et en couleur, 25 x 23 cm
9782717723090
- Bibliothèque nationale de France