Avec la publication de son Manifeste du futurisme à la une du Figaro en 1909, Filippo Tommaso Marinetti lance la première avant-garde artistique du XX^e siècle.

Le rayonnement de ce mouvement radical qui prône une esthétisation globale de la vie à travers les arts aura des répercussions considérables sur les avant-gardes à venir : dadaïsme, futurisme russe, surréalisme, Bauhaus, De Stijl…

Instrument privilégié de diffusion des théories futuristes, le livre tient une place à part dans ce phénomène. Au moment où le livre d’art prend son essor en France, le livre futuriste italien se démarque par sa cohérence entre forme et contenu, tissant des rapports indissolubles entre codes verbaux et visuels. Au travail sur le vers libre qui donnera naissance aux « poèmes motslibristes », répondent les compositions graphiques et typographiques d’une créativité spectaculaire, et un jeu sur la matière qui feront date.

Sans esquiver les ambiguïtés et les errements politiques de ce mouvement, Alessandro Del Puppo nous invite à un parcours dans cette aventure singulière du livre, nous donnant un aperçu de l’esthétique futuriste, entre littérature et peinture : des principaux manifestes et des premières éditions des années 1910 aux chefs-d’œuvre de l’avant-garde européenne de l’entre-deux-guerres.

On (re)découvrira, parmi d’autres, Zang Tumb Tumb, livre fondamental de Marinetti et Cesare Cavanna, le livre boulonné de Fortunato Depero ou les litolatte, livres en fer-blanc de Marinetti et Tullio d’Albisola, véritables icônes de la typographie moderniste du XX^e siècle.

En bousculant les divisions traditionnelles du livre et en modifiant l’acte de lecture, l’écriture et l’édition futuristes nous surprennent encore aujourd’hui par leur incroyable modernité et leur dimension prophétique, à l’ère du multimédia et de la révolution numérique.