Marcel Proust

1871-1922

Florence Callu et Jacques Lethève
Sous la direction de Jean Adhémar et Marcel Thomas
Préface par Étienne Dennery

Il existe une saisissante opposition entre les deux grandes périodes de la vie de Proust, celle du Temps perdu et celle du Temps retrouvé. Celle durant laquelle il fréquente le monde, prend part à ses plaisirs et à ses fastes, et celle durant laquelle, retiré chez lui, ne sortant guère, dormant le jour et travaillant la nuit, fidèle au rendez-vous qu'il a pris avec lui-même, aiguillonné par l'idée de la mort qui approche, il produit l'essentiel de l'œuvre qu'il porte en lui et dont l'influence se fera sentir, plus qu'aucune autre sans doute, sur la littérature de notre époque.
Peut-être le contraste a-t-il été plus marqué encore qu'il n'est possible de le représenter matériellement. Car Proust s'est lancé avec ivresse dans le tourbillon de la vie mondaine. La société qu'il a fréquentée, celle des salons, était alors dominée par des règles précises auxquelles il se pliait avec empressement, par des rivalités de coteries où le snobisme faisait loi, par l'orgueil et la vanité des individus, dont il ne semble avoir perçu la futilité qu'à la veille de les quitter. Et durant les quinze années qui ont suivi la mort de sa mère, le labeur qui est le sien dans sa solitude dépasse l'imagination. Qu'un homme de nature débile, de plus en plus souffrant, une grande partie du temps couché, ait eu la force de couvrir tant de pages, est à peine croyable. D'autant que son scrupule d'écrivain était extrême, que les retouches apportées à ses manuscrits furent innombrables, qu'au cours de nouvelles lectures, il raturait sans cesse des passages ou collait des papiers, tout noircis par son écriture fine et acérée. Que le même homme ait écrit tant de lettres complimenteuses, ait signé, sur les pages de garde de ses livres, tant de dédicaces dont les termes nous semblent excessifs, et ait en même temps ouvert quelques-uns des aperçus les plus profonds et les plus subtils sur l'âme humaine, voilà qui nous surprendra toujours.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Marcel Proust (1871-1922) » organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, galerie Mansart, du 3 juin au 31 octobre 1965.

Informations pratiques

Description
Broché, 120 pages
Date de parution
1965
ISBN/EAN
Editeurs
  • Bibliothèque nationale de France
Distributeur
Bibliothèque nationale de France
Disponibilité
Indisponible

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