Paul Valéry était entré de son vivant dans l'histoire littéraire. Rien d'étonnant donc si, dix années après sa mort, la Bibliothèque Nationale organise en son honneur une exposition comparable à celles qu'elle a consacrées aux plus grands parmi les écrivains français : sur son œuvre ne s'est pas étendue cette zone d'ombre qui a suivi si souvent leur mort. Tout au contraire, il est possible de dire qu'avec le recul du temps on a mesuré davantage tout ce que Valéry apporta, non seulement à la Poésie, mais, dans ses domaines divers, à l'esprit. Ses œuvres complètes ont été publiées de son vivant, mais la part de l'inédit demeure considérable, et cette exposition va la faire apparaître. On savait que, pendant toute sa vie, Valéry avait chaque jour poursuivi, dans les solitudes de l'aube, une méditation et que, dans cette « île intérieure » qu'il s'était faite, il n'avait cessé d'écrire sur les sujets les plus variés. On savait qu'il avait déjà tiré de ses notes des recueils comme Analecta, le Carnet B ou Choses tues, mais on ne devinait pas qu'elles pussent former une telle masse, et d'abord un monument de deux cent cinquante-quatre cahiers. La publication qui s'en prépare sous la forme d'une édition photographique apportera à la connaissance de Paul Valéry des éléments nouveaux d'une valeur inestimable.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Paul Valéry (1871-1945). Livres, manuscrits, dessins » organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site Richelieu, salle Mortreuil, du 31 janvier au 31 mars 1956.