Poète, typographe, éditeur, conférencier, bibliophile, collectionneur, homme de scène : ce relevé de qualificatifs à l’endroit d’Iliazd, de son vrai nom Ilia Zdanévitch, est loin d’être exhaustif. Nombre de ces identités furent traitées dans des publications et des expositions monographiques – Centre Pompidou à Paris en 1978, MOMA à New York en 1987, musée national des Beaux-Arts de Géorgie de Tbilissi en 1989 et 2009, musée Pouchkine de Moscou en 2015 –, et si la typographie y est évoquée, c’est le plus souvent sous ses aspects esthétiques. Antoine Perriol choisit ici d’en examiner tous les contours, en s’attachant autant aux élans artistiques du typographe Iliazd qu’aux caractéristiques techniques de sa pratique.
Tout au long du xxe siècle qu’il traverse, Iliazd investit le champ d’une recherche typographique toujours renouvelée, au gré de ses rencontres et de ses collaborations artistiques. Ardent défenseur des idées de Marinetti, futuriste russe aux côtés de Mikhaïl Larionov et Natalia Gontcharova, et plus tard proche de peintres (Pablo Picasso, Joan Miró, Max Ernst) et poètes (Paul Éluard, André du Bouchet) dont la fréquentation donnera lieu à la création de livres d’artiste, Iliazd se présente comme un véritable expérimentateur d’un langage typographique poétique dont cet ouvrage révèle toute la modernité et l’audace.