Antoine de Saint-Exupéry
1900-1944
Gérard Willemetz et Jacques Suffel
Avant-propos de Julien Cain
Préface de Léon Werth
Saint-Exupéry traitait les livres en grand seigneur. Du bout des yeux, j'allais dire du bout des doigts. Les lecteurs raisonnables ne connaissent pas cette façon, de lire. En même temps qu'il lisait, il dessinait distraitement des bonshommes enfantins et lunaires sur des feuilles de papier qu'il jetait au plancher, quand il n'y avait plus de place pour le moindre trait de crayon ou de stylo. S'il manquait de papier, il n'hésitait pas à dessiner sur le plateau de la table. Parfois, on trouvait un trait de crayon en marge d'un livre. C'est qu'il avait affronté le livre ou plutôt l'auteur. Un jour, il acheta dans une gare une pile de romans policiers, qu'il enfourna dans un sac en peau de porc qu'il avait récemment acheté et dont il s'amusait, comme un enfant s'amuse d'un jouet neuf. Arrivé à destination, il n'avait pas ouvert le sac. Il jugeait avec une souriante indignation tout roman policier où l'auteur avait introduit quelque artifice littéraire. « Il triche... » disait-il. Il fallait être lié avec lui d'un commencement d'intimité pour qu'il consentît à prononcer les noms de Pascal ou de Spinoza. Il eut avec eux de graves entretiens. L'émotion qu'ils lui apportaient était de l'ordre musical et non, d'un autre. Il l'a dit, il l'a écrit.
Cet ouvrage a été publié à l'occasion de l'exposition « Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) », organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du 10e anniversaire de son décès, et présentée dans le Vestibule d'honneur du site Richelieu, du 29 octobre au 30 novembre 1954.
Informations pratiques
Broché, 27 pages
- Bibliothèque nationale de France