Nul n'a été plus ridiculisé que le collectionneur qui décroche son « Raphaël » son « Rembrandt » ou son « Picasso » dès qu'il apprend que ce n'est qu'une copie, un faux ou une falsification. « C'est la même toile », lui dit-on, « hier encore vous en donniez des millions, vous l'accrochiez à la place d'honneur, et vous la contempliez avec un amour véritable. Aujourd'hui vous l'ôtez de la vue, vous essayez d'en oublier jusqu'à l'existence ». Ce ridicule sera mérité aussi longtemps que nous ne serons disposés à n'admettre qu'une seule et unique réaction devant les créations artistiques (bien que ce soit là une forme de réaction relativement récente) : elle se fonde sur la pureté absolue de l'émotion esthétique, qui n'est ni contaminée ni distraite par les associations historiques – ces associations qui précisément jouèrent un rôle fondamental dans l'appréciation des monnaies et dans la vénération des Saintes Reliques.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Vrai ou faux ? copier, imiter, falsifier », organisée par la Bibliothèque nationale de France et présentée au Cabinet des monnaies, médailles et antiques, du 6 mai au 29 octobre 1988.