Le siècle des saint-simoniens

Du Nouveau christianisme au canal de Suez

Sous la direction de Nathalie Coilly et Philippe Régnier

C’est en 1864 que Prosper Enfantin légua la totalité des archives en sa possession à la bibliothèque de l’Arsenal, devenue depuis lors le lieu de mémoire du saint-simonisme. Peut-on, aujourd’hui, alors qu’une grande partie de son programme est entrée dans les faits et dans les mœurs, continuer à considérer cette doctrine comme un « socialisme utopique » ou, à l’inverse, la réduire à une forme dépassée du libéralisme quand ses appels à l’égalité des sexes, à la fin de « l’exploitation de l’homme par l’homme », ou encore à une réorganisation de la société et de l’économie européennes, demeurent des horizons d’action actuels ?
En apparence, l’école de pensée et d’action fondée sur la pensée du philosophe Henri Saint-Simon n’a vécu qu’une dizaine d’années – de 1825 à 1835 – avant de se dissoudre sous la pression d’un système politique alarmé par ses progrès dans la jeunesse intellectuelle et dans la classe ouvrière. Mais en réalité elle a atteint son zénith avec le Second Empire, portée par toute une génération de polytechniciens, de banquiers, de médecins, de journalistes restés fidèles aux idéaux et aux réseaux de leur jeunesse militante. Ce mouvement de fond qui s’étend jusqu’à Auguste Comte et à Pierre Leroux a compté, outre Enfantin, son chef charismatique, une foule de personnalités plus remarquables les unes que les autres. Ainsi l’économiste Michel Chevalier, les financiers Émile et Isaac Pereire, l’ingénieur Paulin Talabot, le compositeur Félicien David, la féministe Claire Démar, ou encore Ismaÿl Urbain, ce métis de Guyane qui s’est fait le défenseur attitré des Arabes d’Algérie. Ce sont les saint-simoniens qui ont créé la première banque d’affaires, lancé le premier magazine populaire illustré, construit le premier chemin de fer pour voyageurs, négocié le premier traité de libre-échange, promu le canal de Suez. Et en 1891 le dernier d’entre eux présidait encore, à Genève, à l’élaboration d’un état de droit international.
En leur rendant hommage à l’Arsenal, là même où sont conservées la plupart de leurs archives, la Bibliothèque nationale de France invite à relire et revisiter des textes et des documents d’histoire dont l’inspiration porte jusqu’à notre XXIe siècle en train de s’inventer.
Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition « Le siècle des saint-simoniens. Du Nouveau christianisme au canal de Suez » , présentée par la Bibliothèque nationale de France à la bibliothèque de l’Arsenal, du 28 novembre 2006 au 25 février 2007.

Auteurs

Sous la direction de Nathalie Coilly, conservateur à la Bibliothèque nationale de France (bibliothèque de l’Arsenal) et de Philippe Régnier, directeur de recherche au CNRS. Textes de Thomas Bouchet, Sophie Delvallez, Francis Démier, Ludovic Frobert, Juliette Grange, Anne Levallois, Michel Levallois, Ralph P. Locke, Pierre Musso, Christine Peltre, Antoine Picon, Georges Ribeill, Michèle Riot-Sarcey et Franck Yonnet.

Mestrallet, Gérard

Informations pratiques

Description
Broché, 189 p., illustrations en noir et en couleur, 24 x 17 cm
Date de parution
Novembre 2006
ISBN/EAN
978-2-7177-2363-2 /
9782717723632
Editeurs
  • Bibliothèque nationale de France
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Disponible