Joris-Karl Huysmans

du naturalisme au satanisme et à Dieu

Avant-propos par Jacques Guignard
Préface par Pierre Cogny

« Du naturalisme à Satan et à Dieu », il est aisé de constater que Huysmans, préférant les sentiers obliques aux grandes routes, fut, dans toutes ses étapes, un marginal et, ce qui est plus rare, en avance sur lui-même, comme s'il avait pressenti l'étape suivante, quitte à revenir en arrière au bout de chaque chemin. Il n'est peut-être aucun de ses ouvrages dans lequel il ne soit permis d'apercevoir les germes de l'ouvrage suivant et ce balisage a d'autant plus d'importance qu'il est absolument inconscient. A rebours est sans doute le grand carrefour aperçu par Barbey d'Aurevilly et reconnu vingt ans après dans la préface de la réédition en 1902, mais il ne serait pas impossible de trouver, ici et là, tout un réseau de croisements secondaires. Le Drageoir à épices, premier livre publié (1874) est beaucoup plus près, à bien des égards, d'A rebours (1884) que des romans comme Marthe, Les Sœurs Vatard ou En ménage, mais il est des pages de Sainte Lydwine de Schiedam ou des Foules de Lourdes dont le « naturalisme » fait penser aux pages les plus joyeusement débridées des premiers écrits.

Huysmans fut incontestablement un romancier chrétien à partir d'En route. Jamais il ne devint écrivain « bien-pensant», dans le sens où on l'entend d'ordinaire, car il ne consentit jamais à être tout à fait sage. Il n'est nullement question de mettre en cause la conversion, comme le firent certains « soutaniers » (le mot est de lui) de son temps – il est sain, pour s'échauffer la bile, de relire l'abbé Belleville – mais il est simplement juste de constater qu'il lui arriva fréquemment d'écrire au-delà de ce qu'il pensait parce qu'il écrivait – peut-être ! – avant de penser, formule ambiguë qui demande quelque éclaircissement. Les dossiers du fonds Pierre Lambert contiennent de quoi la justifier. Nous y retrouvons en effet de curieuses listes de mots groupés parfois par ordre alphabétique, parfois par rapprochements sémantiques, parfois aussi sans aucun dessein apparent, si ce n'est une sorte de recherche du plaisir. Ainsi jetés sur feuilles volantes, ces mots évoqueraient assez bien des essais de couleurs sur une palette et il peut se produire que le peintre se livre à une recherche gratuite sans trop savoir où ni quand sera utilisé le mélange, ni même s'il le sera. Huysmans semble avoir aligné de la sorte les mots, premier stade de la joie créatrice, avant de les insérer dans une phrase et le livre se constituant fragment par fragment, motu proprio, comme si l'écriture était le moteur de la pensée.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Joris-Karl Huysmans (1848-1907), du naturalisme au Satanisme et à Dieu », organisée par la Bibliothèque Nationale et présentée sur le site de l’Arsenal, du 6 juin au 22 juillet 1979.
 
>> voir aussi le catalogue de l'exposition  « J.-K. Huysmans » de 1948.

Informations pratiques

Description
Broché, 1 vol. (164 p.)
Date de parution
1979
ISBN/EAN
2-7177-1490-1 /
9782717714906
Editeurs
  • Bibliothèque nationale de France
Distributeur
Bibliothèque nationale de France
Disponibilité
Indisponible

En ligne

Catalogue d'exposition