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Gérard de Nerval

1808-1855

Roger Pierrot, Madeleine Cottin et Françoise Gardey

Il fut un temps, pas très éloigné, où il eût paru à peine concevable que la Bibliothèque nationale consacrât une importante exposition à Gérard de Nerval. On voulait bien concéder à ce « petit maître de l'école romantique » – car c'est ainsi qu'on l'appelait quand on mentionnait son nom dans une histoire de la littérature – de la facilité, de la grâce, une élégance naturelle. On reproduisait volontiers l’éloge bien rare que le grand Goethe avait fait de la traduction de son Faust par ce jeune homme de dix-huit ans : « Je ne me suis jamais si bien compris qu'en vous lisant. » On évoquait, sans le lire, le Voyage en Orient. Des Filles du Feu on ne retenait que Sylvie, et, de ce conte charmant et profond, que l'aventure sentimentale, les souvenirs du Valois, la pastorale qui se déroule dans le paysage de Mortefontaine. On négligeait ce que les meilleurs parmi ses contemporains avaient écrit de lui, avec une chaleur, une sincérité qui n'étaient pas feintes. Théophile Gautier avait pu affirmer dans l'article qu'il lui consacra en 1867 : « Gérard de Nerval n'a été ni méconnu, ni repoussé, il faut le dire à l'honneur du siècle, bien qu'il n'ait cessé de chercher l'ombre », préférant à tous les journaux les moins lus, semblant « comme Henri Beyle, mais sans aucune ironie, prendre plaisir à s'absenter de lui-même, à disparaître de son œuvre, à dérouter le lecteur ».

L'oubli cependant était venu. Il avait recouvert cette sorte de légende qui entourait le « demi-dandy » des années trente et qui frappait les jeunes hommes venus de la province, tel Charlès Monselet qui nous en a laissé le témoignage. Quand eurent disparu Théophile Gautier, Alexandre Dumas, Arsène Houssaye, le Docteur Blanche et ce très sûr ami que fut George Bell, le souvenir de Gérard de Nerval s'effaça. Et la gloire posthume qu'annonçait devant sa tombe Francis Wey, parlant au Père-Lachaise au nom de la Société des Gens de Lettres, devait être lente à venir.
 
Cet ouvrage a été publié à l’occasion de l’exposition « Gérard de Nerval (1808-1855) », organisée par la Bibliothèque Nationale à l'occasion du centenaire de son décès et présentée sur le site Richelieu, salle Mortreuil, du 24 octobre au 12 décembre 1955.

Informations pratiques

Description
Broché, 83 pages
Date de parution
1955
ISBN/EAN
Editeurs
  • Bibliothèque nationale de France
Distributeur
Bibliothèque nationale de France
Disponibilité
Indisponible

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Catalogue d'exposition